Ailefroide Occidentale – Face Nord-Ouest – Voie Devies-Gervasutti – Écrins – Août 1998

La face Nord-Ouest  de l’Ailefroide Occidentale est l’une des plus imposantes du Massif des Écrins.
Cette course exceptionnelle, nous l’avons réalisé à la journée avec mon fils Matthieu.

La voie Devies-Gervasutti emprunte un pilier bien marqué en son centre.
L’engagement, l’éloignement et l’ambiance austère, sont la marque des grandes faces-nord.
Elle est considérée comme la Walker de l’Oisans.
Haute de 1000m, il ne faut pas trainer, avoir la marge, pour la sortir à la journée et éviter un bivouac, aussi bien dans la face, qu’au sommet ou à la descente.

Nous sommes partis du refuge de Temple Écrins de nuit, pour prendre pied 1h30 plus tard, au lever du jour, sur le petit Glacier de Coste-Rouge.
En 20 minutes nous rejoignons le pied de la face.
Les 200 premiers mètres sont avalés rapidement corde tendu, exercice que je n’apprécie pas particulièrement.
La suite bien plus soutenue, s’est faite enfin en marquant les relais !
Après une succession de plusieurs fissures et dièdres, nous rejoignons le fil du  pilier que nous remontons sur plusieurs longueurs.
Puis à nouveau des fissures et dièdres nous amènent aux  Dalles Grises ou l’escalade est engagée tout en étant exposée aux chutes de pierres !
Matthieu remonte ses 5 longueurs tout  en finesse, protégé parcimonieusement, par quelques vieux pitons en place.
Et nous voilà dans la partie supérieure de la face.
Au menu, une succession de cheminées, couloirs, rampes en ascendance sur la gauche, nous amène à de grands dièdres-cheminées.
Plusieurs passages sont partiellement en glace !
Puis à nouveau une rampe délicate, sur la gauche sous de grands toits, nous amène par une dernière longueur facile au sommet.
Nous venons de passer 9h dans la face.
L’objectif étant de dormir dans un bon lit, on ne traine pas et entamons la descente.

D’abord nous suivons le fil de l’arête sommitale sur quelques centaines de mètres pour arriver à la Brèche de Coste-Rouge.
Ensuite nous descendons prudemment, une succession de couloirs en rocher émiettés… jusqu’à l’aplomb du glacier que nous atteignons par un rappel.
La suite est évidente :  une marche horizontale sur le Glacier de l’Ailefroide peu crevassé, nous amène 200m sous le sommet de l’Ailefroide Orientale.
Nous descendons sa voie normale jusqu’au Refuge du Sélé, ou nous sommes accueillis chaleureusement par le gardien, qui était au courant de notre traversée depuis le Refuge la Temple.
Nous reprenons la descente et retrouvons quelques centaines de mètres plus bas, Marie-Pierre, qui montait à notre rencontre, avec un immense bonheur !

Aurore Nucléaire – Face nord du Pic Sans Nom – Écrins – Août 1998

Une fois n’est pas coutume, aussi je cite » Camptocamp » qui décrit très bien cette voie exceptionnelle :

  •  » Belle escalade variée, soutenue et très homogène. Vraiment une escalade d’ampleur magnifique.
    Le nombre important de vire, l’ambiance face N ne prédispose pas à une voie sportive privilégiant la beauté du geste. Et pourtant, certaines longueurs sont superbes et permettent de se focaliser sur la beauté de l’escalade. Cette voie est probablement le parfait reflet d’une époque charnière entre l’alpiniste se battant dans une face N pour aller au sommet et le grimpeur/équipeur cherchant à faire une jolie voie avec un équipement à demeure favorisant sa répétition. »

C’était avec Clément, 17 ans à l’époque qui guidait déjà son vieux papa !